Dr Abdelhamid Ramdani a animé ce lundi 12 mars 2018 au CRRA Meknès le séminaire interne mensuel. Dr Ramdani a consacré son intervention au thème de la gestion des maladies des céréales en mettant l’accent sur le cas des blés.
Les céréales constituent en effet l’ossature de l’agriculture marocaine et sont cultivées sur 58% des terres cultivées, soit 5 millions d’hectares. La production reste variable et ne couvre pas la demande intérieure. Le déficit est ainsi comblé par l’importation qui est un véritable fardeau pour l’économie nationale. Le rendement moyen en blé reste en deçà du potentiel de la variété et des conditions de production à cause des contraintes biotiques et abiotiques qui sont exacerbées par les effets néfastes des changements climatiques.
Dans les conditions marocaines, les blés sont toutefois exposés à de nombreux problèmes phytosanitaires, en l’occurrence les maladies cryptogamiques telles que les rouilles et la septoriose. Ces maladies occasionnent de grandes pertes en rendement selon les conditions climatiques et le degré de sensibilité de la variété.
L’utilisation des variétés résistantes et les traitements fongicides sont certainement les piliers de contrôle de ces maladies. L’émergence de nouvelles races de champignons pour lesquelles les gènes de résistance et les traitements phytosanitaires deviennent inefficaces, impliquent des efforts de recherche et de vigilance continus. Les exemples sont nombreux, tels que les races de rouille noire (Ug99, TTKSK) identifiée en Ouganda et (TTTTF) nouvellement identifiée en Sicile, les nouvelles races de rouille jaune identifiées au Maroc (‘WARIOR’ en 2013 et Pst new en 2016 et 2017), ainsi que les souches de Septoria (Zymoseptoria) résistantes aux strobilurines.
Les principales recommandations pour une gestion intégrée, efficiente et durable des maladies du blé sont :
- Standardisation nationale et internationale des mesures techniques et scientifiques pour faciliter l’exploitation des résultats à l’échelle globale. Cette standardisation concerne notamment la surveillance, l’évaluation des pertes de rendement, le suivi de l’efficacité des gènes de résistance et la recherche de nouvelles sources de résistance.
- Introgression préventive de nouveaux gènes de résistance (anticipation) et constitution d’un stock de lignées prometteuses qui sont prêtes pour l’adoption par les agriculteurs.
- Alléger les procédures d’enregistrement de nouvelles variétés et accélérer la multiplication de semences et l’adoption de ces nouvelles variétés.
- Renforcement du système conventionnel de sélection par les techniques moléculaires et l’haplodiploïdisation pour accélérer la sélection et faciliter la « pyramidisation » des gènes mineurs.
- Renforcement du pre – breeding (hybridations interspécifiques et intergénériques).
- Utilisation des lignées résistantes à Ug99, déjà produites par l’ICARDA-CIMMYT.
- Utilisez une stratégie intégrée de lutte contre les maladies pour assurer la durabilité de la résistance des gènes et l’efficacité des fongicides (stratégie de déploiement des variétés/génes et pour minimiser les risques d’émergence de la résistance aux fongicides).
- Prendre en compte les changements possibles des systèmes de culture (adoption de l’agriculture de conservation) et du climat dans les stratégies de lutte.
- Etudier les mesures incitatives et les possibilités de subventions des fongicides pour les traitements préventifs.